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L' ILOT AUX PALMIERS - GAUGUIN Paul (1848 - 1903) - Phototypie

L' ILOT AUX PALMIERS

Phototypie

27.00 x 40.00 cm

NB475

D’après un dessin de l’artiste.

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Gauguin ou la vie sauvage …

Gauguin est mort dans la mouise. "Il l'avait bien cherché !", aurait caqueté une amatrice de Buren promenant son lévrier au Palais Royal. "On peut être de gauche et respecter les vraies valeurs". Les éternelles, bien sûr ! Celles qui font de vous l'ami des banquiers, des galeristes dans le vent et des marchands de sacs à main. 

Et pourtant, Gauguin n'est pas mort dans la mouise. Gauguin est mort comme il avait décidé de vivre. Gauguin est mort devant ses toiles car il avait choisi de ne pas mourir idiot, agent de change, en promenant son chien au Parc Monceau. 

Bon. Mais la peinture de Gauguin ne nourrissait pas le peintre, alors que la vente d'un "Gauguin " peut très bien faire les beaux jours d'une galerie portée vers le retour nostalgique (et "vert") à la vie des bois. Comme quoi, les chemins de la création mènent à la fortune ... des autres. L'artiste est donc un philanthrope qui s'ignore, lui qui pense souvent, à tort, qu'il a des comptes à régler avec ses contemporains. Vous me direz, ce n'est pas la même génération qui voit mourir le peintre dans la "dèche" et celle qui ramasse la cagnotte des années plus tard. Non. Mais c'est la même famille. Chacun récolte à son heure. Il suffit de surveiller le patrimoine, l'évolution des artistes malades, et de se renseigner auprès du concierge pour connaître la date d'une expulsion éventuelle... Des fois que ... 

Gauguin est mort dans la joie. Celle qui ressemble à la misère pour une promeneuse du Champ de Mars ou un spécialiste de la spéculation, sur le marché de l'art ou de la couche-culotte. Car, pour certains admirateurs de la gent canine, il sera toujours difficile de comprendre un homme qui après avoir passé quelques années dans la marine, occupe une très bonne situation chez un agent de change, qui se marie, crée une famille, achète des tableaux ... et qui un beau jour se met à peindre et abandonne toute autre activité. Sauf dans un film à gros budget, et américain, distribué dans les meilleures salles bourgeoises, il ne faudrait pas croire que la vie d'un peintre ait quelque chose à voir avec les préoccupations de nos amies les bêtes du Jardin des Tuileries …

Vous me direz que si Gauguin avait peint des chiens en laisse, de son vivant sa peinture aurait peut-être gagné en acheteurs et, qui sait, Gauguin aurait même pu peindre des jardins à la française, ceux-là mêmes dont Monsieur Lang a décidé de s'occuper énergiquement, pour la sauvegarde des amateurs d'art et des promeneurs de chiens ... Pour les jardins, comme en peinture, mieux vaut tard que jamais. 

Je sais bien que mon insistance à vous entretenir des promenades canines vous étonne. Normal. Mais c'est en lisant une des dernières lettres de Gauguin qu'une pensée pour ces chères bestioles m'a chatouillé le porte-plume. Nous sommes en avril 1903. Gauguin est aux Iles Marquises, où il a cherché un refuge plus loin encore de toute civilisation que ne lui paraissait même Tahiti où il séjourna lors de son premier voyage en Océanie. Il écrit : 

A Monsieur le Lieutenant de gendarmerie Papeete (...) 

Mon existence aux Marquises est celle d'un solitaire loin de la route, infirme et travaillant à son art, ne parlant pas un mot de la langue marquisienne et ne voyant que très rarement quelques Européens qui viennent dire bonjour. Souvent, il est vrai, les femmes viennent me voir un instant, mais par curiosité des photographies et dessins pendus sur les murs et surtout pour essayer de jouer sur mon harmonium. 

(...) La vie pour moi infirme devient intolérable, une lutte du genre de celle décrite par Balzac dans "Les Paysans".

_(...) Il est heureux que je sois le défenseur des indigènes. (...)" On veut m'incriminer d'être le défenseur de malheureux sans défense ! Il y a bien cependant une Société Protectrice des animaux." Gauguin sera condamné à trois mois d'emprisonnement pour avoir critiqué la condition de vie des indigènes et l'attitude de la gendarmerie à leur égard. Le 8 mai 1903, malade et ne pouvant plus marcher, comme il l'écrit à son voisin le pasteur Vernier, Gauguin meurt, épuisé. Il a cinquante-cinq ans. 

Il avait commencé à peindre en 1874. "Peintre du dimanche" comme disent les spécialistes des éternelles avant-gardes. Il rencontre Pissaro et le groupe des "Impressionnistes". Il achète leurs oeuvres et commence une collection. Il expose un paysage en 1876. En 1880, il loue un atelier au 8, rue Carcel à Paris, où il restera jusqu'en 1883. Il participe en 1880, 1881, 1883, aux expositions impressionnistes. En 1883, Gauguin abandonne son emploi - et toute ressource sûre. Il a trente-cinq ans, trois enfants. Il quitte une situation très stable et aisée. Promeneurs, regardez bien les peintres du dimanche, dans cinquante ans le coup d'oeil vaudra peut-être son pesant sous le marteau d'un commissaire-priseur ! 

En 1885, toute la famille part pour Copenhague où habite la famille danoise de sa femme, Mette Gad. Son exposition dans cette ville ferme au bout de cinq jours. La famille de Mette voit d'un mauvais oeil ce gendre qu'elle considère comme un irresponsable. Gauguin revient seul à Paris avec Clovis, son fils le plus jeune. En avril 1886, son fils étant malade, Gauguin qui n'a plus d'argent, trouve un travail de colleur d'affiches à 5 F par jour :

"Ma mine bourgeoise fit rire le directeur. Mais je lui dis très sérieusement que j'avais un enfant malade et que je voulais travailler..."

Et plus loin dans la même lettre à sa femme : "ton amour propre de danoise sera blessé d'avoir un mari colleur d'affiches..."

Après avoir mis Clovis en pension à Antony, Gauguin part pour Pont-Aven. Il y fera sa première rencontre avec le peintre Emile Bernard (1868 - 1942). Il revient à Paris en novembre et rencontre Van Gogh et Degas qu'il admire. 

Entre 1886 et 1891, se situèrent plusieurs voyages, dont un bref séjour à Panama où il pensait que son beau-frère pourrait l'accueillir. Il y travaille en fait un mois comme manoeuvre sur le canal, tombe malade et revient en France comme marin sur un bateau. D'autres séjours à Pont-Aven qu'il trouve trop encombré de peintres. Avec Paul Sérusier, il ira peindre, plus tranquille, au Pouldu. 

C'est en 1889, d'octobre à décembre, qu'il séjourne à Arles sur l'invitation de Van Gogh. Il assistera impuissant aux poussées de folie de son ami, jusqu'à l'issue tragique du 24 décembre où Van Gogh se coupe l'oreille et est interné. Gauguin s'est exprimé longuement sur cet épisode tragique (cf."Oviri, écrits d'un sauvage"). De cette période et de cette amitié, il écrit : 

" A Vincent, je dois quelque chose, c'est, avec la conscience de lui avoir été utile, l'affermissement de mes idées picturales antérieures, puis dans les moments difficiles me souvenir qu'on trouve plus malheureux que soi." 

En mars 1892, dans une lettre à Mette : "(...) Paul Schuffenecker (qui) me reproche d'être entier dans mes volontés. Mais si je n'agissais pas ainsi, est-ce que je pourrais supporter seulement un an la lutte à outrance que j'ai entreprise ? Mes actes, ma peinture... sont toujours contredits au moment même, puis finalement on me donne raison. Je suis toujours à recommencer. (...) 

J'ai bien des tracas et, si ce n'était nécessaire à mon art (j'en suis sûr), je repartirais de suite..." 

Le 25 mars 1892, de Papeete, à Sérusier : 

"Ce que je fais ici, je n'ose en parler tellement mes toiles m'épouvantent ; jamais le public ne l'admettra. C'est laid à tous les points de vue et je ne saurai vraiment ce que cela est qu'à Paris quand vous tous aurez vu. (...) Ce que je fais maintenant est laid, bien fou. Mon Dieu, pourquoi m'avoir bâti ainsi ? Je suis maudit. 

Quelle religion que l'ancienne religion océanienne. Quelle merveille ! Mon cerveau en claque et tout ce que cela me suggère va bien effrayer. Si donc on redoute mes oeuvres anciennes dans un salon, que dire alors des nouvelles ?" 

Et encore en juillet 1892 à Mette : 

"(...) Je suis en plein travail, maintenant je connais le sol, son odeur et les Tahitiens que je fais d'une façon très énigmatique n'en sont pas moins des Maoris et non des Orientaux des Batignolles. Il m'a fallu presque un an pour arriver à le comprendre. (...)" 

En 1893, à la demande de Degas, Durant-Ruel accepte d'organiser une exposition des oeuvres de Gauguin : trente-huit toiles tahitiennes, six toiles faites en Bretagne et deux sculptures. Onze toiles seront vendues. Gauguin rentre à peine dans ses frais.

 Après avoir revu sa femme et ses enfants, en 1894 il repart au Pouldu d'avril à décembre. En 1895, Gauguin décide de retourner en Océanie. Ce deuxième séjour sera le dernier. Pour financer son voyage, Gauguin organise une vente aux enchères à l’Hôtel Drouot qui ne rapporte que quelques centaines de francs. Il rachète une grande partie de ses toiles.

Les sept années suivantes, jusqu'en 1903, seront particulièrement difficiles. Solitude, souffrances physiques, auxquelles vient s'ajouter la nouvelle de la mort de sa fille Aline à laquelle il avait consacré, lors de son premier séjour à Tahiti, un ouvrage "Le Cahier pour Aline".

Le 11 février 1898, Gauguin tente de se suicider après avoir peint "D'où venons-nous ?". C'est aussi à partir de cette année qu'il peut vendre des toiles au marchand Vollard. Il signera un contrat avec celui-ci en 1900. 

En 1899, commence une querelle avec les autorités locales à propos des conditions de vie des indigènes. Il publie "Les Guêpes" et "Le Sourire", pamphlets satiriques qui vont lui attirer les ennuis que l'on sait. En 1902, il pense revenir en France pour soigner un eczéma qui le fait terriblement souffrir. Il écrit son journal intime "Avant et après". Il meurt le 8 mai 1903. 

Dans une lettre datée d'avril, adressée à Charles Morice, il dit : 

"(...) Comme un fait prévu dans le travail sur la gendarmerie des Marquises que je t'ai envoyé, je viens d'être pris dans un traquenard de cette gendarmerie, et j'ai été condamné quand même. C'est ma ruine et peut-être en appel ce sera la même chose. Il faut en tout cas tout prévoir et prendre les devants. 

(...) Tu vois combien j'avais raison de te dire dans ma lettre précédente : agis vite et énergiquement. Si nous sommes vainqueurs la lutte aura été belle et j'aurai fait une grande oeuvre aux Marquises. Beaucoup d'iniquités seront abolies, et cela vaut la peine de souffrir pour cela.

Je suis par terre, mais pas encore vaincu. L'Indien qui sourit dans le supplice est-il vaincu ? Décidément le sauvage est meilleur que nous. Tu t'es trompé un jour en disant que j'avais tort de dire que je suis un sauvage. Cela est cependant vrai : je suis un sauvage. Et les civilisés le pressentent : car dans mes oeuvres il n'y a rien qui surprenne, déroute, si ce n'est ce "malgré-moi-de-sauvage". C'est pourquoi c'est inimitable."

Il doit bien exister quelque part un très beau musée d'ethnologie consacré aux cultures disparues d'Océanie. Gauguin est considéré comme un des précurseurs de l'art moderne et, comme il se doit, les plus grands musées ont accueilli ses toiles.

Vous me direz, le refrain est connu. Que voulez-vous, en plus de la peinture, j'aime bien les chansons, "à texte". J'aggrave mon cas !

Alain CALONNE

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