> GAUGUIN Paul (1848-1903) (d’après)

GAUGUIN Paul (1848-1903) (d’après)

Biographie


GAUGUIN Paul est né le 7 juin 1848 à Paris. Il est mort, le 8 mai 1903, à Atuona, Hiva Oa, aux îles Marquises


Il était artiste peintre postimpressionniste; Chef de file de l'École de Pont-Aven et inspirateur des nabis, il est considéré comme l'un des peintres français majeurs du XIXe siècle, et l'un des plus importants précurseurs de l'art moderne avec Munch et Cézanne.


En 1868, Gauguin Paul effectue son service militaire dans la marine nationale. Il participe à la guerre de 1870 et prend part à la capture de six navires allemands. Après son retour à Toulon, le 23 avril 1871, il quitte la marine. Il devient agent de change à la Bourse à Paris et connaît un certain succès dans ses affaires.


En 1882, il abandonne son emploi de courtier en bourse (qui est dans une phase de mauvaise conjoncture) pour se consacrer à sa nouvelle passion, la peinture.


De janvier à novembre 1884, il s'établit à Rouen. Pendant ces dix mois passés à Rouen, il réalise près de quarante tableaux, principalement des vues de la ville et de ses alentours. Cela ne suffit pas pour vivre et il part vivre avec sa femme et ses enfants dans la famille de celle-ci à Copenhague. Tout ne se passe pas bien et Paul décide de retourner à Paris en 1885 pour peindre à plein temps, laissant femme et enfants au Danemark, n'ayant pas les moyens d'assurer leur subsistance.
Il participe, de 1879 à 1886, aux cinq dernières expositions du groupe des impressionnistes.


En 1885, Paul Gauguin commence à travailler la céramique et s’associe à Ernest Chaplet pour produire 50 œuvres en céramique.


Gauguin rejoint Vincent van Gogh qui l'a invité à venir à Arles, dans le sud de la France, en 1888, grâce au frère de celui-ci, Théodorus. Il découvre les estampes japonaises à travers Vincent van Gogh, alors qu'ils passent ensemble deux mois (d'octobre à décembre) à peindre. Ils peignent alors la série sur les Alyscamps, des portraits, des paysages et des natures mortes.


Les deux confrères sont très sensibles et connaissent des moments de dépression — Gauguin, comme Van Gogh, tentera de se suicider.


Paul Gauguin : du symbolisme à l'expressionnisme ou la spiritualité de la couleur 



Gauguin n'est pas arrivé vierge de toute influence lors de son séjour à Tahiti, qui ne représente que l'aboutisse ment de ses recherches sur le motif et la couleur. Tahiti fut sans doute un déclencheur d'une orientation picturale définitive, d'une vision parfaitement maîtrisée et d'une certaine forme de classicisme.


Dès ses débuts, Gauguin se sent attiré par les classiques et non des moindres. Ingres ne l'intéresse pas, c'est Delacroix qui le fascine et dont il avoua son admiration à Schuffenecker. Sans cette influence classique, Gauguin aurait-il peint le "Christ au jardin des oliviers" ou "la Lutte de Jacob avec l'Ange"?


Cette passion pour Delacroix projette une lumière sur une influence profonde qu'illustrent plusieurs compositions tahitiennes. Les libertés que s'autorisent Delacroix avec l'anatomie et le réel attirent profondément Gauguin.


Les scènes de Pont-Aven et les portraits des paysans bretons révèlent bien l'autre influence décisive: celle de Millet qui le fera peu à peu quitter l'impressionnisme grâce au traitement du dessin et à la densité sculpturale des masses obtenues par une recherche aiguë de synthèse. 


Cette science du graphisme, cette ligne insistante et rigoureuse, Gauguin l'a doit égale ment à Degas avec qui il partage un penchant évident pour le dessin et la plastique comme il partage également le goût pour la simplification de la forme propre à Cézanne qu'il admire par dessus tout.


Plus qu'une simple influence, la peinture de Puvis de Chavannes est sans doute décisive dans les choix plastiques de Gauguin même si ce der nier préférait souligner leurs différences comme l'illustre une de ses lettres à Charles Morice en 1901: "Puvis ex plique son idée, oui, mais il ne la peint pas. Il est Grec tandis que moi je suis un sauvage, un loup dans les bois, sans collier. Puvis intitulera un tableau "Pureté" et pour l'expliquer peindra une jeune vierge avec un lys à la main, symbole connu, donc on le comprend. Gauguin, au titre Pureté, peindra un paysage aux eaux limpides, aucune souillure de l'homme civilisé, peut-être un personnage.


Sans entrer dans les détails, il y a tout un monde entre Puvis et moi..."


On le sait Gauguin n'aimait pas reconnaître ses dettes envers les autres, encore moins le talent d'autrui. Pourtant sans n'avoir jamais copié les autres, Gauguin aimait se ressourcer en contemplant les œuvres d'artistes éminents, que se soit à travers l'art des verriers du Moyen Age ou encore à travers la Vénus de Boticelli. que la fin du XIX siècle avait portée aux nues. Bretagne du Moyen. Age, Italie du Quattrocento; Gauguin voyage dans le temps comme dans l'espace, sensible à tout ce qui peut enrichir son mo tif ou élargir l'horizon de son inspiration.


Pourtant aucune influence ne dépasse celle des arts exo tiques, et notamment de l'art de l'Empire du Soleil Levant. Il y puise la dynamique du graphisme stylisé ՈՐՈ propre à Hiroshigé, les contours d'Hokusai ainsi que le traitement de la couleur en aplats et une simplification du motif qu'il renforcera au contact des arts polynésiens.


A Tahiti, la démarche de Gauguin fut double: sa curiosité l'incita à traduire un comportement d'ethnologue et à étudier selon les termes du ministère - "au point de vue de l'art et des tableaux et à en trier, les coutumes et les paysages de ce pays, ainsi qu'à imaginer un nouveau système de représentation de l'espace et du volume tant en rendant hommage à la culture maorie dont il ressent déjà l'extinction imminente. Consciemment ou non Gauguin en fixe les motifs et leur confère une universalité aux antipodes de l'exotisme et du pittoresque.


Les séjours de Gauguin dans les mers du Sud, en 1891-1893 et de 1895 à 1903, sont illustrés par un flori lège d'œuvres, connues et moins connues. On y observe la prolifération des talents "décoratifs" de Gauguin et admire la diversité des techniques employées, souvent de manière novatrice et expérimentale. De nouvelles corres pondances s'établissent entre le visible et l'invisible, entre le perceptible et l'indicible, entre le sensible et l'intériorité. Il ne s'agit plus pour Gauguin de transcrire une réalité mais de manifester, de créer un monde par la contemplation, les lignes et les couleurs...



Gauguin et la Belgique : les XX et la libre esthétique


"Il y a tout juste un siècle, en 1894, Gauguin effectuait son unique voyage en Belgique. Tous les éléments de son œuvre peint, gravé, sculpté sont rassemblés a Liège dans la subtilité d'une démarche scientifique qu'associe l'artiste aux mouvements les plus vivants de son époque : les Salons des XX et de la libre esthétique qui se tinrent alors à Bruxelles. L'exposition donne ainsi l'occasion de situer l'œuvre de Gauguin par rapport aux tendances dominantes de l'époque : l'Impressionnisme, le Néo-Impressionnisme, le Symbolisme et l'Art Nouveau, en le confrontant a celles d'autres artistes ayant participé à ces mêmes Salons.


"De Paris a Bruxelles il n'y a qu'un pas un peu pour m'instruire, beaucoup pour me distraire, je me paye le voyage." C'est en ces termes que Gauguin commente sa décision de se rendre en Belgique en février 1894. Quand il est convié pour la troisième fois à exposer aux Salons de l'avant-garde à Bruxelles, Gauguin est rentré de Tahiti depuis plu sieurs mois. Il éprouve beaucoup de fierté de se rendre à Bruxelles, devenu à cette époque un centre important de création et de diffusion culturelle grâce aux Salons des XX et de la libre esthétique où il ex posera quatre fois entre 1889 et 1897..


Le cercle des XX, groupement d'artistes" indé pendants pourvu qu'il existe le talent", animé par Octave Maus, avocat et critique Bruxellois, s'était formé en réaction contre l'académisme des institutions officielles. On lui devait depuis 1884 l'organisation d'expositions annuelles d'arts moderne accompagnées de concerts et de causeries littéraires.. Parmi eux, Théo Van Rysselberghe, James Ensor, Rodin, Monet, Cézanne, Van Gogh, Toulouse-Lautrec et bien entendu Gauguin s'efforcent de promouvoir l'avant-garde artistique avec l'aide non négligeable d'Octave Maus. La qualité de leurs expositions leur vaudra une renommée internationale.


Après la dissolution des vingtistes, ce dernier les remplace par une nouvelle structure, la libre esthétique, qui reste dans le même esprit que le mouve ment des XX mais en l'amplifiant. Le premier Salon de la libre esthétique rassemblera pas moins de quatre-vingts artistes avec un demi millier d'œuvres!


Devant cet événement, le critique français Gustave Geffroy déclarera: "Ce n'est pas d'art belge qu'il s'agit, mais d'un commencement d'art européen en Belgique, d'un rendez-vous donné dans une grande ville aux différentes formes de pensées qui parcourent le monde civilisé..."


En compagnie d'un jeune journaliste, Julien Leclercq, Gauguin découvre les musées de Bruges, Anvers, et Bruxelles. Sur le registre de l'hôpital Saint Jean de Bruges, l'artiste inscrit Tahiti comme domicile. Au musée communal, il admire le tryptique de Saint-Christophe de Memling. A son ami Daniel de Monfreid, il confie: "j'ai vu à Bruges des Memling, quelles merveilles, mon cher, et puis après quand on voit Rubens (l'entrée dans le naturalisme), ça dégringole." L'impact de cette rencontre avec l'art de Memling est particulièrement sensible dans un tableau comme "La jeune chrétienne" ou le monotype 1""Angélus" qu'il exécute à son retour de Bretagne.


Le vernissage du premier Salon de la libre esthétique nous fournit le point de vue critique de Gauguin sur les œuvres d'artistes ayant retenu son attention. Si Berthe Morisot semble épargnée - "elle reste toujours le beau peintre personnel" - Renoir et Pissarro font l'objet de critiques acerbes.


Gauguin rend hommage à Odilon Redon, "cet artiste extraordinaire qu'on s'obstine à ne pas com prendre" et termine par un éloge à Puvis de Chavannes, son parcours d'une exposition "où, en somme, il y a beaucoup de talents mais peu d'enseignements."


Qu'en était-il de la réaction du public face à l'œuvre de Gauguin ? Quand il n'est pas purement et simplement oublié des critiques et des journalistes, Gauguin est totalement incompris : "C'est un véritable artiste barbare, ses couleurs sont crues, ses personnages hiératiques. Il exprime des sentiments rudimentaires de l'homme primitif, et de la nature, et se borne à traduire la vie fruste et confusément mystérieuse." Seul son compagnon de voyage, Julien Leclercq, lui avoue son admiration, dans un article du Mercure de France: "Les gens qui nient Gauguin ont contre lui trois griefs: son ignorance, son extravagance, sa barbarie. Son ignorance ?... Est-il possible qu'il soit un ignorant celui qui, faisant ce qu'il veut en sachant vouloir ne laisse intervenir dans son œuvre que des éléments choisis entre plusieurs ! Son extravagance ? C'est aussi peu extravagant que du Poussin; c'est aussi pondéré, aussi grave et ça brille d'un pareil éclat de couleur. Sa barbarie ? Non, je préfère décrire tel paysage tahitien plein de douceur, de joie et de grâce..."


Toutefois, ces œuvres tahitiennes, avec leurs titres en langue maorie, agacent et ne contribuent en rien à une reconnaissance de l'œuvre ni de l'artiste. Le public ne perçoit pas, à travers la beauté des indigènes et des paysages polynésiens les larges rythmes classiques des bas-reliefs égyptiens, ni la tendre spi ritualité des primitifs italiens, ni les aplats contour nés des estampes japonaises. Exaltant la luxuriance des couleurs tropicales, Gauguin a su conférer à leur ténébreuse incandescence le symbolisme mystérieux des mythes païens et des terreurs superstitieuses.


Déprimé par cet isolement, y compris au sein même de la communauté artistique qui le reconnaissait jadis comme son chef de file, Gauguin cultive avec ostentation et mépris un exotisme parfois artificiel. Les toiles qu'il peint apparaissent comme une réminiscence nostalgique et quelque peu agressive de son expérience tahitienne et des méfaits de la civilisation.


Après une piètre liquidation de son atelier en sal le des ventes, Gauguin regagne l'île de ses rêves en mars 1895. Désormais sa soif de solidité plastique et de rythmes classiques pourra enfin s'épanouir dans la somptuosité d'une matière austère.


Il faudra attendre sept ans après la mort de Gauguin pour que la presse et la critique relative au Salon de la libre esthétique lui consacre un article digne de son génie. Cet article caractérise bien la figure de Gauguin: "il faudrait attirer l'attention sur Paul Gauguin, qui a eu de la pleine à se faire admirer, parce qu'il suivait un chemin isolé et très loin des autres... l'artiste a conquis, parmi les novateurs, une place solitaire, un rang elevé"


J.Delaunay




Oeuvres certifiées & authentifiées

Paiement sécurisé

Carte bancaire et virement

Livraison garantie & assurée