L ENTREE DES CLOWNS

Alvard : la tendresse de l’imaginaire 

Alvard représente à la fois la tendresse et la gaieté grâce à sa peinture dont la matière quasi émaillée sert admirablement une vocation on ne peut plus expressionniste. Tendresse d’abord : la structure des oeuvres ménage toujours à la touche picturale et à la couleur un charme infini, que multiplient de subtiles transparences où ombres et lumière se lancent en poursuites brillantes et magistrales dans une composition qui sait réserver un impact d’élégance, de délicatesse et de grâce, à de magiques ensembles floraux, à quelque paysage bruissant de vitalité ou bien à certaines marines aux limpidités rayonnantes. 

Et pour tout cela, une façon sûre et franche de bâtir, de cerner, de capturer les espaces, d’en souligner les limites afin de se réserver en pureté et en brio, où la poésie de l’imaginaire et du formel se rejoignent en sortilèges fervents. 

Mais Alvard sait aussi dispenser une gaieté à la fois percutante et bizarre qui mènent à bien des personnages ambigus, d’une affection étrange, faite d’outrance et d’agressivité, sous un gestuel qui se veut rassurant en métamorphosant ces êtres extravagants en patins dérisoires ou en musiciens de comédie, tandis que leur regard dément bien souvent la joie dans une composante allègre de couleurs que cerne un trait sûr. 

L’amalgame, l’équivoque se retrouvent donc en ces oeuvres ou rêves et séduction font d’Alvard un maitre en la matière, dégagé de tout pittoresque incertain, de décoratif facile, mais dont le talent s’astreint à émettre par la peinture une vision différente, troublante mais à la réussite convaincante et pertinente. 

A. Ruellan.