> RENOIR Pierre-Auguste (1841-1919) (d’après)

RENOIR Pierre-Auguste (1841-1919) (d’après)

Pierre-Auguste RENOIR dit Auguste Renoir, né à Limoges le 25 février 1841 et mort au domaine des Collettes à Cagnes-sur-Mer le 3 décembre 1919, est l’un des plus célèbres peintres français.


Membre à part entière du groupe impressionniste, il évolue dans les années 1880 vers un style plus réaliste sous l’influence de Raphaël. Il a été peintre de nus, de portraits, paysages, marines, natures mortes et scènes de genre, pastelliste, graveur, lithographe, sculpteur et dessinateur. Peintre figuratif plus intéressé par la peinture de portraits et de nu féminin que par celle des paysages, il a élaboré une façon de peindre originale, qui transcende ses premières influences (Fragonard, Courbet, Monet, puis la fresque italienne). Pendant environ soixante ans, le peintre estime avoir réalisé à peu près quatre mille tableaux. Référence BENEZIT pages 581 à 587.


CERTAINS critiques ont enfermé Renoir dans une demi-vérité - celle des visages heureux et de la couleur lumineuse - comme pour mieux réduire son image d'artiste à celle d'un peintre du plein air. Il ne pense qu'à peindre ce qui en chante ses yeux; toute évocation de ce qu'il n'a pas vu ne l'intéresse pas. Certes Renoir va toujours droit vers ce qui l'attire, les belles filles, les enfants, les fleurs, les beaux paysages, tout cela forme la matière même de son art.


En réalité, le parcours de Renoir possède l'irrégularité du vol de la chauve-souris qui dans le crépuscule décrit sa ligne brisée, multiplie les crochets et les dé tours". Ce qui nous autorise à parler non pas du monde mais des mondes de Renoir qui ne fut pas qu'un grand coloriste mais un artiste capable de se remettre tout le temps en question.


La leçon d'Ingres et des peintres de la Renaissance lui a permis d'apprendre à dessiner et d'acquérir cette facilité et cette spontanéité qui caractérisent son art.


Renoir ne se comparaît-il pas, vers la fin de sa vie, à un bouchon dans le courant d'un ruisseau dont les mouvements sont dictés par les caprices de l'onde et qui ne sait où il va ?


Pour l'artiste, le plaisir de peindre est indissociable de l'idée que le tableau doit apporter du plaisir à celui qui le contemple: "La peinture est faite pour décorer les murs. Il faut donc qu'elle soit la plus riche possible. Pour moi un tableau, puisque nous sommes forcés de faire des tableaux de chevalet, doit être une chose aimable, joyeuse et jolie, oui jolie !"


A la fin de sa vie, Renoir livrait à son fils Jean: "Peut être ai-je peint les trois ou quatre mêmes tableaux pendant toute ma vie !..."


Et pourtant quelle évolution entre les toiles de 1862 et les derniers nus de 1917! Quel contraste entre la palette des débuts lumineuse mais sombre et la luminosité de ses baigneuses de 1883.


Certes sa palette s'éclaircit rapidement au contact de Boudin et de Jongkind. L'autorité du style de Monet, la vivacité de sa palette affecte également l'évolution de Renoir. Après avoir peint beaucoup de natures mortes - notamment des fleurs Renoir s'attaque au modèle et au portrait. "Quand je peins des fleurs, je pose des tons, j'essaie des valeurs hardiment, sans souci de perdre une toile. Je n'oserais pas le faire avec une figure, dans la crainte de tout gâter. Et l'expérience que je tire de ces essais, je l'applique ensuite à mes tableaux".


Pourtant, dans toutes les œuvres de cette époque se dessinent déjà les caractéristiques essentielles de son art. D'une part, son intégrité, d'autre part la volonté de créer chaque fois une manière de peindre, de composer sa palette, d'organiser ses touches.


On découvre aussi, dans ses toiles de jeunesse tout l'amour qu'il porte pour la femme. Le penchant pour le bonheur y est déjà présent.


"J'aime les femmes... Elles ne se doutent de rien. Avec, elles le monde devient quelque chose de très simple. Elles ramènent tout à une juste valeur..."


Renoir voulait peindre les femmes "comme de beaux fruits". Le peintre souhaitait d'ailleurs que son talent de peintre soit considéré par rapport à sa représentation de la femme. Renoir a étudié Raphaël mais lui préfère Ingres. L'influence du maître français se fait sentir dans le modelé précis, dans l'importance de la ligne et la couleur très plate.


Cette veine classique offre au peintre le moyen par lequel, évitant de s'enfermer dans la sensation fugace, il distille dans ses œuvres une véritable structure à partir du jeu des masses colorées et de la ligne, imposant dans son œuvre une donnée essentielle de son inspiration : l'amour du corps féminin dans son intemporelle beauté.


Avec le temps, la massivité des formes se renforce. Cette massivité de la peinture apparaît le plus clairement dans ses sculptures. Et paradoxalement, comme le sou ligne Clément Greenberg, c'est dans ces sculptures qu'il rejoint Rubens et les Vénitiens aux sommets de la picturalité. La picturalité sert pour Renoir à exalter la féminité de la femme mais aussi de l'enfant - voir son portrait de Jean Renoir enfant vers 1900- voire même de l'homme comme le révèlent certains des tout premiers autoportraits.


Toutefois cette massivité n'a pas eu que d'heureux effets pour la qualité picturale de l'œuvre de Renoir. La brochure caustique de Georges Duthuit publiée lors de la grande rétrospective Renoir de 1923 au Musée de l'Orangerie résonne comme une mise en garde, comme un appel à la prudence, opposant Renoir à Rubens, il concluait: "Court d'imagination, dépourvu de sens dramatique, sans fougue, ni mordant, sa merveilleuse aisance n'a pas livré à Renoir le secret du mouvement et l'on retrouve dans ses plus larges compositions quelque chose de mal et de distendu qui les éloigne à jamais de l'architecture monumentale".


Cette phrase quelque peu cinglante ne vaut sans doute que pour les œuvres de la vieillesse de Renoir.


L'une des grandes réussites de Renoir fut d'avoir su combiner la richesse des couleurs de ses peintures de plein air avec un dessin précis du modèle. Si ses paysages n'atteignent pas la même incandescence que ceux de Monet, si ces natures mortes ne possèdent pas la même force que celles de Cézanne, sans doute est-il impossible de lui trouver un concurrent ni même un égal pour la lumière de ses corps féminins et la finesse de ses portraits.


T. Demaubus

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