FOULAYRONNES PRES D'AGEN

Pierre-Edmond Péradon : (1893-1981) 

Pierre-Edmond Péradon a su métisser le paysage normand grâce à la simplicité de la ligne, a dépouillement de la couleur, au rythme de la forme volontairement tourné vers une forme particulière de l’abstraction. S’il ne se soumet pas aux lois de la nature, Péradon a une prédilection pour les vues panoramiques avec un point de fuite situé le plus souvent au centre du tableau. La touche est volontairement formelle, ce qui renforce la plastique géométrique du paysage. Dans son souci de pérenniser la beauté du paysage, l’artiste a tenté de géométriser la forme, en éliminant les détails et en simplifiant le dessin. 

Tout en reconnaissant comme base de départ la réalité vue, sa peinture révèle l’importance de la réalité sentie. Dans sa recherche permanente de styliser le paysage, Péradon a su trouver un compromis entre l’exaltation de la couleur locale, chère aux peintres créant sur le motif et une nécessaire distanciation du motif, exigeant de l’artiste une maîtrise parfaite de la composition. Pour Péradon, la peinture sur le motif ne saurait se résumer reproduire le paysage sans invention, à laisser la nature responsable de l’effet qu’elle produit.   

L’artiste commence toujours le tableau en indiquant les valeurs les plus rigoureuses et poursuit suivant cet ordre jusqu’à la valeur la plus claire. Les valeurs jouent un rôle fondamental : l’artiste simplifie les gammes tout en sauvegardant les rapport fondamentaux. Il accentue ou réduit telle forme, intensifie ou éteint tel ton, sans pour autant modifier l’esprit de la composition. 

Ici, tout est ordonné, rien n’est laissé au hasard même si l’instinct poétique du peinture lui inspire une répartition très libre des objets dans la composition. Ainsi les maisons et les arbres doivent être d’abord perçus comme des structures où tout concourt à l’essentiel, à la substance, à l’idée. 

A l’encontre de la peinture impressionniste. Péradon use d’une palette rigoureuse qui ne déborde jamais la forme, mais au contraire la signifie davantage, la spécifie efficacement dans sa densité, sa solidité sans pour cela se limiter à la seule transposition des impressions visuelles. 

Péradon hésite à la tentation de ne restituer que la sensation fugace au détriment du traitement réaliste de l’image tout en se concentrant sur les nuances d’une même couleur et l’impact de la toile. 

    T. Demaubus.