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Paul Gauguin : du symbolisme à l'expressionnisme ou la spiritualité de la couleur

Paul Gauguin : du symbolisme à l'expressionnisme ou la spiritualité de la couleur 

Gauguin n'est pas arrivé vierge de toute influence lors de son séjour à Tahiti, qui ne représente que l'aboutisse ment de ses recherches sur le motif et la couleur. Tahiti fut sans doute un déclencheur d'une orientation picturale définitive, d'une vision parfaitement maîtrisée et d'une certaine forme de classicisme.

Dès ses débuts, Gauguin se sent attiré par les classiques et non des moindres. Ingres ne l'intéresse pas, c'est Delacroix qui le fascine et dont il avoua son admiration à Schuffenecker. Sans cette influence classique, Gauguin aurait-il peint le "Christ au jardin des oliviers" ou "la Lutte de Jacob avec l'Ange"?

Cette passion pour Delacroix projette une lumière sur une influence profonde qu'illustrent plusieurs compositions tahitiennes. Les libertés que s'autorisent Delacroix avec l'anatomie et le réel attirent profondément Gauguin.

Les scènes de Pont-Aven et les portraits des paysans bretons révèlent bien l'autre influence décisive: celle de Millet qui le fera peu à peu quitter l'impressionnisme grâce au traitement du dessin et à la densité sculpturale des masses obtenues par une recherche aiguë de synthèse. 

Cette science du graphisme, cette ligne insistante et rigoureuse, Gauguin l'a doit égale ment à Degas avec qui il partage un penchant évident pour le dessin et la plastique comme il partage également le goût pour la simplification de la forme propre à Cézanne qu'il admire par dessus tout.

Plus qu'une simple influence, la peinture de Puvis de Chavannes est sans doute décisive dans les choix plastiques de Gauguin même si ce der nier préférait souligner leurs différences comme l'illustre une de ses lettres à Charles Morice en 1901: "Puvis ex plique son idée, oui, mais il ne la peint pas. Il est Grec tandis que moi je suis un sauvage, un loup dans les bois, sans collier. Puvis intitulera un tableau "Pureté" et pour l'expliquer peindra une jeune vierge avec un lys à la main, symbole connu, donc on le comprend. Gauguin, au titre Pureté, peindra un paysage aux eaux limpides, aucune souillure de l'homme civilisé, peut-être un personnage.

Sans entrer dans les détails, il y a tout un monde entre Puvis et moi..."

On le sait Gauguin n'aimait pas reconnaître ses dettes envers les autres, encore moins le talent d'autrui. Pourtant sans n'avoir jamais copié les autres, Gauguin aimait se ressourcer en contemplant les œuvres d'artistes éminents, que se soit à travers l'art des verriers du Moyen Age ou encore à travers la Vénus de Boticelli. que la fin du XIX siècle avait portée aux nues. Bretagne du Moyen. Age, Italie du Quattrocento; Gauguin voyage dans le temps comme dans l'espace, sensible à tout ce qui peut enrichir son mo tif ou élargir l'horizon de son inspiration.

Pourtant aucune influence ne dépasse celle des arts exo tiques, et notamment de l'art de l'Empire du Soleil Levant. Il y puise la dynamique du graphisme stylisé ՈՐՈ propre à Hiroshigé, les contours d'Hokusai ainsi que le traitement de la couleur en aplats et une simplification du motif qu'il renforcera au contact des arts polynésiens.

A Tahiti, la démarche de Gauguin fut double: sa curiosité l'incita à traduire un comportement d'ethnologue et à étudier selon les termes du ministère - "au point de vue de l'art et des tableaux et à en trier, les coutumes et les paysages de ce pays, ainsi qu'à imaginer un nouveau système de représentation de l'espace et du volume tant en rendant hommage à la culture maorie dont il ressent déjà l'extinction imminente. Consciemment ou non Gauguin en fixe les motifs et leur confère une universalité aux antipodes de l'exotisme et du pittoresque.

Les séjours de Gauguin dans les mers du Sud, en 1891-1893 et de 1895 à 1903, sont illustrés par un flori lège d'œuvres, connues et moins connues. On y observe la prolifération des talents "décoratifs" de Gauguin et admire la diversité des techniques employées, souvent de manière novatrice et expérimentale. De nouvelles corres pondances s'établissent entre le visible et l'invisible, entre le perceptible et l'indicible, entre le sensible et l'intériorité. Il ne s'agit plus pour Gauguin de transcrire une réalité mais de manifester, de créer un monde par la contemplation, les lignes et les couleurs...


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