La magie d'Alexis HINSBERGER

La magie d'Alexis HINSBERGER

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L a Galerie Spilliaert rend hommage à Hinsberger en lui consacrant une nouvel le rétrospective. Hommage mérité car Hinsberger, même à quatre-vingt ans passés n'en finit pas de nous séduire. Mais aussi occasion unique de s'imprégner de cet univers attachant et profond du peintre au travers d'une rétrospective.

Chaque tableau d'Hinsberger possède son rythme propre et sa respiration spécifique. La muse qui préside à cette alchimie de couleurs et de rythmes est bien celle de la poésie. Poésie de la couleur, mais aussi poésie de l'ombre qui possède sa couleur propre. "Charpente de la couleur", selon l'expression même de l'artiste, le dessin joue ici un rôle capital.

Si le dessin pour Hinsberger est une véritable passion de chaque instant, c'est qu'il prête à cet exercice une fonction ambivalente de mémorisation et de révélation.

Mémoire des gestes, des attitudes, mémoire des objets. Révélation des corps, des visages, des couleurs.

Traducteur irremplaçable de la luminosité de l'atmosphère - une luminosité tantôt dorée, tantôt cuivrée - Hinsberger communique à ses corps comme à ses personnages la vigueur et la fougue que le sculpteur dessine dans la pierre.

Qu'il peigne des natures mortes, des compositions sur le thème de la musique - il avoue une grande = admiration pour Beethoven - ou des scènes de la vie quotidienne, c'est à chaque fois le même éclat, la même intensité de la couleur, la lumière riche et triomphante qui semble émaner des objets Hinsberger libère la couleur de tous les êtres qu'il peint pour mieux nous faire goûter la joie de peindre.

Car Hinsberger peint avec son âme : l'intimité organise ici la réalité pour la quiétude nécessaire à la délectation de l'instant - Sa peinture parvient toujours à créer un rapport harmonieux avec le monde : signe qu'Hinsberger est un véritable créateur, car la création est avant tout une manière d'établir un rap port au monde.

Saisissant ses personnages par le grain de la peinture qui colle comme une peau à cette vibration des chairs ou de visages, le peintre capte la lumière qui les habite et les gonfle de vie, car rien n'est jamais inerte dans cette plénitude.

Dans ses nus admirables, on croirait que le corps de la femme a été littéralement "sculpté" par les lueurs  et les jeux d'ombre qui l'environnent plutôt que par le pinceau qui a su magistralement lui donner vie dans le mystère de l'ombre où il se situe.

Il existe une véritable "gymnastique visuelle" chez Hinsberger le peintre commence par observer et s'imprégner de ce qu'il voit, puis s'efforce de retrouver l'essentiel du personnage ou du corps qu'il veut dessiner.

Hinsberger a compris que l'abondance des détails pouvait nuire terriblement à la peinture en la figeant. E l'œuvre d'Hinsberger est le contraire d'une œuvre statique.

Le dessin libre, ample et généreux du peintre lui permet d'exalter le mouvement, synonyme de vie. Ainsi, en peignant contre l'oubli, le temps qui fuit, l'artiste peint contre la mort.

Il n'arrange pas la réalité mais la recompose sans cesse et la transfigure. Tel un sculpteur tout entier tendu vers un absolu , Hinsberger modèle la forme par le dessin et la couleur , libérant la composition des quatre angles du tableau.