Barthélemy

Gérard Barthélemy,l’exaltation de la couleur

H

Elève de Bonnard dont il a reçu la simplification de la ligne et l'exaltation de la couleur et gardé la préférence de l'arabesque au modelé, il se montre au contraire du Maître soucieux de la perspective et des lointains, libérant la composition et ne réduisant jamais l'ensemble des plans à la surface du tableau. Dans un style proche du Corot, il se montre attentif à la représentation de la réalité et se préoccupe d'ordonner la dispersion lumineuse des paysages autour d'une solide armature de plans et de lignes prononcées.

Peintre des paysages et des marines, sa palette délicate dotée d'une grande maîtrise des gris évoque la facture de Marquet. Ses arbres élancés déploient leur feuillage qui ondule dans le vent, rendant la composition réaliste et vivante.

La plus belle technique est celle qui ne se voit pas, et seul un œil exercé peut déceler la vigueur qu'il apporte à la composition. Son art est faussement simple, mais véritablement épuré et sans trop de détails qui risqueraient d'alourdir la composition ou de nuire à l'atmosphère sereine de ses toiles.

Travaillant sur une gamme restreinte de couleurs pures, la nature et ses métamorphoses le fascinent. Il en saisit les nuances par la vigueur du trait et trans pose l'amateur dans un espace infini, ouvert, pour le faire pénétrer dans un monde où présent et passé se confondent. Affectionnant les tonalités froides, les gris clairs et les bruns, les bleus pastels (ou les mauves éclaircis), sa peinture ne cherche qu'à dépouiller la nature de tout le superflu, de tout artificiel urbain, du bruit, et du tourbillon de la vie qui nous entoure, pour nous forcer à la voir d'un œil neuf, dans sa vérité nue.

Les ciels sont lavés dans l'eau des rivières qui serpentent le long des forêts denses et muettes. Barthélemy réveille la nostalgie des paysages d'automne par le glissement des bateaux sur l'onde argentée d'une mer d'huile.

T. DEMAUBUS