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Le musée des Beaux-Arts de Vienne

Le musée des Beaux-Arts de Vienne :

l'histoire d'une collection impériale

Les peintures du Kunsthistorisches Museum sont installées dans un superbe édifice historique. Les collections furent réunies pendant quatre siècles par la famille des Habsbourg.

Toute grande collection de peinture a son caractère propre et personnel. Il révèle le goût des collectionneurs qui l'ont réunie et qui sont les représentants d'une situation historico-culturelle dans une époque déterminée.

Nous trouvons dans ce musée beaucoup de portraits provenant de collections princières : portraits de nobles, d'aïeux... Ainsi on peut voir de nombreux portraits de Maximilien 1er, qui porta beaucoup d'intérêt à l'histoire de la famille et de noble parenté bourguignonne (de Philippe le Hardi à Marie de Bourgogne). Ces portraits servaient surtout de documentation et ne furent pas réunis en tant qu'éléments d'une collection.

Le véritable premier collectionneur de la Maison des Habsbourg fut l'archiduc Ferdinand d'Autriche (1529 - 1595), fils de l'empereur Ferdinand 1er. Il réunit une importante collection de plus de mille portraits des membres de familles princières et de célébrités du passé et du présent. Ces portraits qui ne dépassent pas le format d'une carte postale sont par fois l'oeuvre de peintres illustrés comme Clouet, Cranach le jeune... L'intérêt de l'Archiduc se portait d'abord sur l'homme exceptionnel, sur sa présence effective et moins sur son auteur, ou l'oeuvre d'art elle-même.

Avec les collectionneurs de la génération suivante, les choses devaient changer. L'empereur Rodolphe II (neveu de l'archiduc Ferdinand) recherchait la qualité artistique. Il réunit dans sonchâteau de Prague une collection remarquable de peintures. Il acquit "Jupiter et Io" de Corrège, tableau qui avait appartenu à Charles Quint - grand oncle de Rodolphe II - ainsi que la presque totalité des tableaux de Dürer qui sont aujourd'hui au Musée de Vienne: "L'Adoration de la Sainte Trinité", "Le Martyre de dix mille chrétiens", le portrait de "Johann Kleeberger". L'autre point marquant fut l'acquisition de tableaux de Bruegel l'Ancien.

Rodolphe passa aussi de nombreuses commandes à des peintres de cour tels que Spranger, Heintz. Ceux-ci formèrent leur propre école et développèrent, sous l'influence de l'empereur, leur propre style.

A la mort de Rodolphe, sous son successeur et frère Mathias, la résidence impériale fut transférée à Vienne avec une partie de la collection de peintures. Malheureusement la majeure partie de cette collection qui resta à Prague, fut pillée par les troupes suédoises à la fin de la guerre de Trente Ans - en 1648.

Au XVII siècle l'empereur Ferdinand III va s'efforcer de reconstituer à nouveau le musée de Prague. Il acquit des oeuvres du XVIe et du XVIIe siècle comme "L'Ecce Homo" du Titien, une série de scènes bibliques de Véronèse;" "Le Baptème du Christ" de Reni; "Le triomphe de Venus", "Simon et Ephigenie" et d'autres compositions de Rubens. Ce fut seulement au XVIIIe siècle que les tableaux arrivèrent à Vienne.

Grâce à l'archiduc Léopold-Guillaume, la galerie de Vienne devint l'un des plus grands musées du monde. Ce véritable père du musée de Vienne par vint à réunir une collection de plus de quatre cents tableaux de premier ordre. L'archiduc désigna pour héritier son neveu, le futur empereur Léopold 1er. Cette collection de renommée mondiale devint ainsi propriété impériale et donne encore de nos jours son caractère à la galerie.

A la même époque, une prestigieuse collection de tableaux florentins dont "la Madone de la Prairie" de Raphaël fut rassemblée par un membre de la branche des Habsbourg du Tyrol. La collection devint la propriété impériale lorsque cette lignée s'éteignit.

Les liens de parenté avec la branche espagnole expliquent la présence de nombreux portraits de maîtres espagnols: Sanchez Coello, Pantoja de la Cruz, Mazo, Vélasquez.

C'est finalement au XVIIIe siècle, que le fils de Léopold ler, Charles VI, réunit tout le patrimoine impérial en transférant à Vienne, les collections de Prague et d'Innsbruck. Ses successeurs feront ensuite d'importantes acquisitions : cinq grands retables de Rubens et des autels de Van Dyck furent achetés.

En 1781, "La Vierge au Rosaire" du Caravage, de l'église des Dominicains à Anvers, vint rejoindre les collections ainsi que d'autres oeuvres de maîtres italiens comme le milanais Daniel Crespi, Cerano, Giordano...

Sous le règne de Joseph II, la galerie qui fut transférée au Belvédère, fut ouverte au public, le musée devant servir d'instructeur et d'éducateur de la population. Les tableaux furent exposés par école de peintures des différentes nations. Plus tard, selon le désir de l'Empereur François II, tous les tableaux de valeur qui étaient dispersés dans les châteaux furent rassemblés dans la galerie viennoise.

Les périgrinations de ces oeuvres connurent la fin du voyage dans le transfert, vers 1890, de la Galerie du Belvédère au fameux Kunsthistorisches Museum, nouvellement construit au Burguing sous l'empereur François-Joseph.

Par la suite, le goût de collectionner prit un nouvel essor avec le conservateur Gustav Glück. Près de cent cinquante tableaux entrèrent au Musée parmi lesquels des peintures gothiques autrichiennes.

Après la seconde guerre mondiale, des donations de la famille Rothschild vont enrichir le musée avec des oeuvres de Frans Hals entre autres. De cette époque date aussi l'arrivée d'un magnifique Vermeer "Le Peintre dans son atelier". Le maître hollandais y place un tableau dans le tableau, montrant de dos le peintre occupé à une autre toile. C'est le jeu le plus noble d'un artiste conscient de la haute signification de son geste créateur. La toile est admirablement peinte, la lumière est frémissante, la facture lie les formes avec plénitude. L'ensemble garde cependant de l'académisme du milieu du XVIIe siècle un senti ment pompeux dû à la contre-pose, à la tenture, au buste sur la table, à la pose raide du modèle. Il y a néanmoins dans cette composition sereine le mirage d'un confort bourgeois et d'une gloire que les peintres ne connaissaient guère alors qu'aux Pays Bas.

Comme toutes les grandes collections princières, dont l'origine et la formation datent du XVIe-XVIIe siècle, celle du Kunsthistorisches relate toute l'histoire de la peinture. Le musée des Beaux-Arts de Vienne est sans doute le musée idéal pour voyager à travers les siècles de l'histoire de l'art !

Jean DELAUNEY


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