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Montmartre : lieu de plaisir et berceau de la commune

Montmartre : lieu de plaisir et berceau de la commune

Peu à peu au XIXe siècle, les fameuses guinguettes de Montmartre se trans formèrent en bals publics extravagants. Le plus réputé, situé boulevard de la Rochechouart, s'appelait l'Elysée - Montmartre.

Dans le même quartier il y avait aussi la Boule noire avec son décor pompéien qui avait été fondée par une jolie créature nommée Belle Cuisse. L'entrée de ces établissements coûtait un franc le dimanche et soixante quinze centimes les autres jours.

Ainsi Montmartre devint un centre de plaisirs peu relevé, qui attirait une faune dangereuse, des voyous venus de Clichy ou de Belleville, des ouvriers travaillant aux abattoirs de La Villette, des petits bourgeois à la recherche de plaisirs à bas prix, ou des ouvrières désireuses de rencontrer une situation plus favorable.

Dans ces bals publics, on dansait des polkas, des valses. C'est sur la musique d'Orphée aux Enfers que naquit le French Cancan appelé à cette époque le Chahut. Cette danse endiablée devint très vite la principale attraction de Montmartre. On venait nombreux applaudir les acrobaties de filles aux tenues extravagantes qui exécutaient le fameux Chahut...

Un génie, Toulouse-Lautrec, saura restituer l'atmosphère frénétique et frivole de ces cabarets et autres lieux de plaisirs.

Montmartre le repère des Communards.

A la fin du XIXe siècle, Montmartre élut pour maire, un docteur républicain nommé Georges Clémenceau ; c'était un personnage énergique et très cultivé. Clémenceau était le maire qu'il fallait à cette commune turbulente.

A cette époque, Montmartre allait incarner la résistance. Pendant le siège de 1870, les habitants trans formèrent la grande salle de l'Elysée-Montmartre en atelier où l'on fabriquait des ballons. Ces ballons permettaient aux Parisiens de garder le contact avec les autres régions françaises. C'est au sommet de la Butte que l'avocat Gambetta put rejoindre à Bordeaux le gouvernement provisoire pour l'encourager à continuer la guerre.

Lorsque les Allemands entrèrent à Paris en mars 1871, Clémenceau essaya en vain de calmer sa commune, mais les humiliations et les misères subies pendant le siège provoquèrent une violente propagande révolutionnaire. Celle-ci entraîna sur la colline de Montmartre les premiers éclats de la Commune. On peut donc dire que la Commune est née à Montmartre.

Les gardes nationaux refusaient le gouvernement établi, le jugeant trop réactionnaire, car il voulait établir l'ordre au plus vite dans la France envahie.

Les gardes nationaux se révoltèrent et s'emparèrent des canons du régiment pour les installer sur la Butte. Ainsi à l'endroit du futur Sacré-Coeur, les soldats installèrent un véritable parc d'artillerie.

Deux généraux, Lecomte et Thomas, provoquèrent la commune de Montmartre en voulant reprendre les canons. Les communards furieux s'emparèrent des deux hommes et les fusillèrent sauvagement avant de jeter leurs corps dans la fosse commune du cimetière Saint Vincent.

Les Communards avaient perdu la raison. Dans leur folie, ils transformèrent les cabarets en clubs poli tiques.

Parmi les plus fréquentés : le club de la révolution à l'Elysée-Montmartre, le club féminin de la Boule Noire où des foules venaient écouter une ouvrière laide et noiraude mais douée d'un grand talent d'orateur : Louise Michel. On venait de tout Paris pour l'entendre.

La commune tient ainsi Paris jusqu'à la mi-mai. Les représentants de Montmartre s'y faisaient remarquer par leur extrémisme. Ils élevaient des barricades dans les rues accèdant à la Butte pour résister à une attaque des troupes du gouvernement.

Vers la fin mai, la résistance se déchaîna, des hommes et des femmes descendèrent de la Butte pour mettre le feu aux Tuileries, au Palais Royal, à l'Hôtel de Ville, aux magasins de blé. Mais lorsque les Communards tentèrent de se regrouper à Montmartre, leurs forces étaient encore trop dispersées et les troupes venues de Versailles en profitèrent pour envahir la colline. Ainsi Montmartre tomba misérablement aux mains des soldats du gouvernement. Une grande partie de la population fut massacrée dans le cimetière du Père-Lachaise ou envoyée au bagne. La chasse aux communards continua encore pendant plusieurs années.

Les Communards qui revinrent du bagne vers 1885 retrouvèrent aussitôt le chemin de Montmartre. Ils se réunirent dans les cabarets où les murs avaient été barbouillés des événements de la Commune. Il y eut la Brasserie des Frites révolutionnaires et le Casino des Concierges. L'esprit de révolte, étouffé pendant prés de vingt ans, allait offrir un idéal à des gens qui n'auraient été autrement que de vains criminels.

Les souvenirs de la Commune revenaient dans bien des chansons que chantaient les "goualeuses", des filles vêtues d'une robe noire avec un foulard rouge.

Le film de J. Becker "Casque d'or" avec Simone Signoret sut recréer admirablement l'atmosphère dramatique et poétique de ce Montmartre issu de la commune. Simone Signoret y incarnait une danseuse du Moulin-Rouge, amoureuse d'un anarchiste.

A suivre....

Jean DELAUNEY


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