> Nos archives > Dresde : " La Florence de l'Elbe "

Dresde : " La Florence de l'Elbe "

Dresde : " La Florence de l'Elbe "

Première ville artistique du nord de l'Europe

Johann Joachim Winckelmann (1717 - 1768) fondateur de l'archéologie classique et de l'histoire de l'art moderne, fut l'un des premiers grands personnages à s'intéresser à la Galerie de Dresde qui était selon lui "un digne joyau".

Il consacra aux collections une "description des plus remarquables peintures de la Galerie" Le jeune Goethe lui-même, attiré par l'enthousiasme de l'historien, se rendit sur les lieux et fut plein d'admiration lorsqu'il entra dans une "salle circulaire magnifique avec des cadres éblouissants, tout récemment dorés...

faisant éprouver une impression solennelle, unique en son genre" - Il existe de nombreux témoignages de poètes, artistes et savants, qui lors de leur passage dans la célèbre ville, ont admiré les magnifiques peintures de la Galerie: Léon Tolstoï, F.M Dostoïevski, Madame de Staël, Louis d'Aragon, Stendhal, Balzac, Jean Cocteau... Au début, la Galerie était le reflet du pouvoir princier, désireux de briller.

Au XVIIIe siècle, seuls la famille princière, la cour et quelques rares invités avaient le droit d'admirer les oeuvres. Aujourd'hui, la Galerie est un "sanctuaire d'art" ouvert à tous et les dix musées des collections artistiques de Dresde sont visités par des mil lions de personnes.

C'est la Galerie de peintures de maîtres anciens qui est le centre de la collection artistique de la ville. Il y a d'autres musées : Galerie de maîtres modernes avec des peintures du XIXe et XXe siècles, la collection de sculptures avec un département de sculptures antiques très réputées, le cabinet des estampes, la collection de porcelaines, le musée artisanal, le musée historique, le cabinet des médailles et le musée d'art populaire.

La deuxième guerre mondiale qui ébranla durement la ville de Dresde, mit en péril les trésors artistiques. Plus de deux cents tableaux de la Galerie furent endommagés et le catalogue des pertes indiqua cinq cent sept autres oeuvres disparues. Mais grâce à un grand travail de recherche, quelques oeuvres reprirent leur place dans la collection. Les autres musées de Dresde souffrirent aussi beaucoup du conflit et les pertes artistiques furent sensibles.

A la fin de la guerre, une partie des trésors artistiques fut envoyée en URSS où des spécialistes se chargèrent de restaurer les oeuvres. Le gouverne ment soviétique remit en 1955 plus de deux mille oeuvres maîtresses sauvées de la galerie de peintures et en 1958, les richesses des autres musées furent restituées au peuple allemand.

Ainsi Dresde redevenait l'une des plus brillantes villes du monde en art et musées.

L'histoire du sauvetage d'un patrimoine : La Dresdener Gemäldegalerie.

La Dresdener Gemäldegalerie existe vraiment au XVIIIe siècle avec son patrimoine d'oeuvres de maîtres anciens. Cependant ses débuts remontent au XVIe siècle avec le Prince Auguste de Saxe qui avait aménagé une chambre d'Art dans son Palais de Dresde.

On y collectionnait des livres, atlas, objets rares, monnaies, pierres précieuses... ainsi que des "pein tures et descriptions" - Il s'agissait surtout de por traits de cour, de tableaux de chasse sans importance mais il existait déjà des oeuvres qui aujourd'hui occupent une place de premier ordre dans le patri moine du musée - Parmi celles-ci, on trouve à côté des tableaux de peintres comme Lucas Cranach, Hans Krell, trois peintures de Jacopo de Barbari qui entrèrent dans la collection en 1588 - Cette date marque aussi le début d'un contact avec Venise et sa peinture qui allait dessiner le profil de la Galerie de Dresde pendant les siècles à venir.

Les plus beaux tableaux qui arrivèrent à la fin du XVIIe siècle sont le retable de Dürer "L'Adoration de l'Enfant Jésus" et le chef d'oeuvre de Rubens "Hercule ivre".

Il faut donc attendre le début du XVIIIe siècle pour que les choses changent et qu'apparaisse à Dresde l'élaboration d'une collection. La fondation de la Dresdener Gemäldegalerie date de 1722 - Auguste le Fort avait ordonné que fût effectué un inventaire général des tableaux afin d'exposer les meilleures pièces.

Parmi elles, figurait la superbe "Vénus endormie" de Giorgione. Des oeuvres de Lucas Cranach furent aussi sélectionnées - C'était le peintre de l'irréalisme, des déformations audacieuses dans un siècle où la réalité photographique était de rigueur - Toute sa vision du monde lui donna une place à part dans l'art de son temps avec les corps graciles de ses "Eves" - Sa sensualité artistique est d'une délicatesse moderne Dans le "Retable de Sainte Catherine" exécuté par Cranach, on peut remarquer dans la composition du panneau central, relatant le martyre de Sainte Catherine, une grande fantaisie dans la composition des personnages comme dans l'atmosphère qui les entoure. L'intérêt du peintre se porte surtout sur les visages qui sont traités de manière réaliste. L'inspiration religieuse de Cranach est souvent d'une grande intensité dramatique.

A cette époque, il y avait beaucoup de "petits peintres hollandais" qui composaient la collection de peintures de Dresde: Breughel de Velours, Bosch, Teniers... Ils forment une des bases de la renommée du musée.

Rembrandt avec "Les Noces de Samson" et Van Dyck avec "le Silène ivre" sont les plus belles oeuvres de la salle consacrée aux maîtres hollandais

- On peut voir dans "le Silène ivre" de Van Dyck que l'oeuvre est imprégnée de l'esprit de Rubens, mais les mains fines et sans force, comme le visage de la femme et le bleu magnifique de la draperie sont bien les marques de Van Dyck.

Des oeuvres françaises et italiennes ont aussi été achetées comme Pittoni et Migliori, à l'exubérante sensualité - Le remarquable tableau de Nicolas Poussin "Le Triomphe de Flore" faisait aussi partie de la collection. Ses paysages sont peuplés de personnages mythologiques : ici Flore distribue des fleurs en dansant au milieu de personnages attendant la mort qui les transformera en fleurs.

La Galerie connut son heure de gloire avec l'arrivée au trône d'Auguste III en 1733 - Ce prince sans envergure politique mais passionné d'art - consacra une grande partie du trésor àenrichir la Galerie - La ville continuait ses relations amicales avec Venise. Ainsi les tableaux de Bernado Strozzi, Palma le vieux, Piazzeta, Sébastiano Ricci et la célèbre "chocolatière" de Listard furent les nouvelles acquisitions - Des collections entières furent achetées : en 1746, la riche collection appartenant au grand Duc de Modène dont le superbe tableau de Titien imprégné de calme et de gravité "le Christ au denier", mais aussi des tableaux de Veronèse, Corrège, Reni, Albani et autres maîtres italiens qui contribuèrent à faire l'originalité de la galerie.

Puis vinrent s'ajouter des oeuvres de Vermeer, Frans Hals, Rubens avec "chasse au sanglier".

Ainsi, Dresde possède l'une des plus belles collections de peintures en Europe et pour clore cette brillante époque, la Galerie acheta pour une somme considérable le fameux tableau de Raphaël "La Madone Sixtine".

Puis commence une période de crise avec la guerre de sept ans et la banqueroute de l'Etat qui entraînèrent un sérieux ralentissement des acquisitions.

Il faut attendre le XIXe siècle pour que les activités de la Galerie reprennent. C'est l'époque où l'on pense à remédier aux lacunes de la collection - Dans un premier temps, l'ensemble des peintres du Quattrocento fut enrichi avec des tableaux de  Botticelli, Lorenzo di Credi, Mantegna provenant des collections privées anglaises - Le "Saint Sébastien" d'Antonello Da Messina fut acheté à Vienne en 1873.

Le département de peintures espagnoles s'enrichit aussi d'une série de tableaux appartenant à la collection de l'ex-roi Louis Philippe, qui fut vendue aux enchères à Londres en 1853, parmi eux le tableau "Scènes de la vie de Saint-Bonaventure" de Zurbaràn.

Au cours du XIXe et XXe siècle, les achats de peintures connurent un essor fulgurant ce qui a entraîné l'ouverture d'un musée de nouveaux maîtres qui dis pose depuis 1965 d'une place à l'Alberthinum sur la Brühlschen Terrasse.

La Dresdener Galerie est toujours restée très ouverte à l'art des autres pays. Aussi ses collections com prennent toutes les tendances de la peinture européenne et offrent un ensemble d'oeuvres très variées. Lors d'un violent bombardement aérien en 1945, le centre de Dresde fut complètement rasé, le Swinger fut détruit mais on entreprit sa reconstruction à la fin de la guerre - Depuis lors, le Swinger est le symbole de la volonté des habitants de Dresde. Achevé en 1964, c'est un lieu qui exerce une grande attraction chez les passionnés d'art.

Dresde restera toujours une ville florissante, avec ses monuments historiques, son beau paysage, ber ceau d'artistes renommés, qui attirent sans cesse des milliers de visiteurs du monde entier.

Jean DELAUNEY


Oeuvres certifiées & authentifiées

Paiement sécurisé

Carte bancaire et virement

Livraison garantie & assurée