Interview Dromik

Dromik : l’élégance fauve 

Thierry Demaubus : Quel a été le déclic qui a provoqué votre vocation ?

Dromik: Très tôt je me suis senti attiré par l'art, surtout par la musique. Ce sont des connaissances dans le milieu artistique qui m'ont donné l'idée de peindre. Au début je peignais sans avoir trouvé mon style car ma facture était plutôt hyper-réaliste. Puis les amateurs se sont intéressés à ma peinture et j'ai pu, grâce à cela vivre de ma peinture dès l'âge de dix-huit ans ! Ce qui représente pas mal de chance dans la vie d'un artiste.

T. D. : Comment définissez-vous aujourd'hui votre démarche artistique ?

D.: L'influence des nabis m'a incité au cloisonnement des couleurs et à la création d'espaces et des ombres par les aplats et les changements de couleur. J'ai toujours peint des personnages, surtout des jeunes femmes. J'ai gardé la luminosité du début avec plus de couleurs en aplats. Aujourd'hui je m'intéresse à l'école de Vienne : Klimt, Schiele, Kokoshka. Un peintre se doit d'assimiler ce qu'ont fait les autres avant lui.

T. D.: "Ressusciter la vocation décorative de la peinture" comme l'annonçait déjà Puvis de Chavannes lorsqu'il déclarait : "Je véritable rôle de la peinture est d'animer les murailles" Faut-il limiter la démarche de Dromik à cette seule vocation décorative ?

D. : Mon premier souci en peinture est la recherche de la sensibilité qui existe dans cette tension avec un regard sur les sentiments de jeunes femmes en des poses simples, comme si l'on prenait du recul par rapport aux choses vécues. Cette tension rapide dans cette opposition entre l'incendie de la palette et la “sirène" qui donne le côté apaisant du décor.

Il m'est déjà arrivé de vouloir confondre dans ma toile le personnage avec le décor : cela ne fonctionnait pas. Je me suis donc très attaché au côté naturel du personnage et à la flamboyance de la couleur.

T. D. : L'expression chez Dromik réside dans la disposition du tableau. Elle s'obtient également par la couleur.

D. : J'aime beaucoup le vert cobalt et les bleus très poussés. J'ai abandonné le côté ocre de ma peinture au profit de la couleur pure, créée ou existante. En effet, j'avais auparavant tendance à rajouter de l'ocre à toutes mes couleurs, ce qui leur faisait perdre de leur intensité.

T. D. : Votre pinceau semble décrire de savantes arabesques colorées qui dominent souvent le fond du tableau et sur lequel se découpent des figures féminines élégantes. Que recherchez-vous dans votre peinture ?

D.: La recherche des formes et de l'élégance. Dans un tableau, tout doit s'harmoniser. Je commence toujours par le personnage puis vient le décor. De la relation entre ces deux éléments naît l'unité indispensable à ma démarche créative.

T. D. : Quels sont vos projets ?

D.: Je prépare actuellement une exposition sur le thème du Carnaval accompagné d'un projet de vidéo. J'aime travailler par thème, comme pour l'exposition consacrée au regard de femme sur l'art contemporain.

T. D. : Quels sont vos peintres préférés ?

D. : Klimt, Matisse, Gauguin, Modigliani, bref tous ceux qui sont allés jusqu'au bout des choses en peinture. Je pourrai, également citer Bacon, Botéro et Giacometti ! Ce sont eux qui m'ont influencé, qui ont forgé ma sensibilité.

T. D. : Quels sont ceux que vous m'aimez pas ?

D. : Les peintres que j'aime le moins sont les paysagistes et ceux qui peignent des natures mortes. De même je n'aime pas Utrillo alors que j'apprécie Vlaminck.

T. D. : Votre peinture récente semble s'être débarrassée du côté anecdotique de la femme chat.

D. : Oui, je privilégie la vérité de la sensibilité sur l'anecdote. Je n'utilise l'animal que si j'en ressens réellement le besoin.

T. D. : Quelle est votre appréciation de l'art contemporain ?

D.: Je possède un goût très éclectique en matière d'art. Je suis sensible à certaines toiles monochromes s'il y a une véritable recherche de la part de l'artiste. Ce qui me laisse complètement insensible, c'est l'art conceptuel.

"Dromik"