> Interviews > Ray Poirier : Peintre de Provence

Interview de Ray Poirier

Thierry Demaubus : Vous êtes né en Anjou, pays d'Hervé Bazin. Quelle fut votre enfance ?

Ray Poirier : Dans ma région natale de l'Anjou aux racines médiévales, j'ai grandi au sein d'une famille aux activités commerciales. J'ai eu une enfance très agréable, riche en très bons souvenirs. J'en garde aujourd'hui une certaine nostalgie, cette période de vie que l'on peut considérer à la campagne car le département angevin est constellé de petites villes et villages, où il fait encore bon vivre. J'ai connu de nombreuses périodes de vacances chez mes grands-parents, au milieu des prés et des bois où il y avait aussi des chevaux. Le dessin était un compagnon de mon enfance et les chevaux galopaient déjà dans ma tête.

T.D. : A quel moment avez-vous pris conscience de votre passion de peindre ?

R.P.: Vers les années 60, mon père, qui peignait bien, m'a incité à prendre les pinceaux et dès cette période j'ai multiplié mes oeuvres. Mais je n'étais qu'un copiste. Par contre je dessinais les chevaux avec un automatisme non dénué de facilité. Ayant quitté ma région pour la Touraine, j'ai fréquenté l'école des Beaux-Arts de Tours, où mon but était de me perfectionner en anatomie, j'ai donc progressivement délaissé tout paysage pour ouvrir la porte vers un onirisme mystérieux, soit un ensemble de tendances qui me consacrait aux réalisations surréalistes.

T.D. : Comment définissez-vous votre démarche picturale?

R.P.: En 1985, j'ai quitté la Touraine pour le Midi, installé à Fréjus, j'ai continué à peindre mes thèmes favoris, l'onirique et tout ce qui concerne le milieu hippique. En 1989, j'ai travaillé pour une maison d'édition, avec pour thème "La Provence". J'ai vendu mes lithographies tant en France qu'à l'étranger. Cette diffusion m'a fait connaître mais la lithographie n'a rien de comparable à une toile.

T.D. : Le paysage provençal est au coeur de votre inspiration. Peignez-vous exclusivement sur le motif ?

R.P. : Il m'arrive parfois de peindre en direct, dans la nature ce qui est agréable, car tout vous accompagne, le chant des oiseaux et l'odeur de la végétation. C'est une bonne école, celle de maîtriser son sujet sur le motif. Toutefois je travaille beaucoup en atelier, je peins des paysages d'après des croquis ébauchés sur le vif. Il m'arrive très souvent de les imaginer.

T.D. : Quels sont les peintres qui vous ont le plus influencé ? Quel est celui que vous admirez le plus ?

R.P. : Dans le domaine onirique, les peintres qui m'ont influencé et pour lesquels j'ai une grande admiration sont J. A. Gros, Ingres Girardet. En ce qui concerne les impressionnistes, j'ai une préférence pour Pissaro, Monet, Sisley, Marquet, mais mon maître spirituel reste Delacroix, peintre de batailles, donc de chevaux, mais aussi de paysages.

T.D.: Pourquoi cette passion pour le cheval ?

R.P. : Le cheval, c'est peut-être un rêve d'enfant non exorcisé, celui d'être jockey. Ayant malgré tout monté des chevaux de courses pour mon plaisir je leur voue un véritable culte. Ma démarche vise à faire aimer le cheval à tous ceux qui ne connaissent pas sa noblesse.

T.D. : Votre technique picturale laisse une part importante à la technique dite "au couteau", pourquoi avoir choisi cette technique ?

R.P. : Comme je crée autour de trois thèmes que j'affectionne, les factures sont différentes. Pour ce qui est du graphisme j'utilise le pinceau et pour les paysages la spatule dite technique "au couteau" ce qui donne une impression de relief et de matière. Le graphisme s'élimine et une certaine impression de mouvement émane du sujet traité, je travaille d'instinct sans vraiment de repères précis et tout s'enchaîne spontanément...

T.D. : Pensez-vous qu'il est encore possible d'inventer, ou d'innover dans le domaine du paysage figuratif en cette fin de siècle ?

R.P. : Que ce soit dans mes différents thèmes je ne pense pas faire passer des messages car il faut qu'une peinture fasse rêver ou fantasmer. Les couleurs y jouent un grand rôle et la construction de la toile aussi. Dans la fin de ce siècle qui est plutôt gris, la peinture comme la musique peut permettre de s'évader par le rêve et celui-ci est nécessaire pour l'équilibre. Un médecin me confiait que lorsqu'il était fatigué de ses visites, le fait de regarder quelques instants mes toiles de sa banquette, le défatiguait et le relaxait. L'oeuvre d'art n'est-elle pas un remède ?

T.D. : Quels sont vos projets ?

R.P. : Je n'ai pas fait d'exposition depuis 1994 mais actuellement j'en prépare une au Centre européen d'art à Paris


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