> BONNARD Pierre (1867-1947) (d’après)

BONNARD Pierre (1867-1947) (d’après)

Biographie


BONNARD Pierre est né en 1867 à Fontenay aux roses. Il est décédé en 1947 à Le Cannet.


C'est un peintre graveur à l'Eau forte. Son style est le NABIS, il réalise des touches plus nettes en  opposition aux impressionnistes. Ses palettes contiennent du jaune, vert tendre, rose-orange, bleu-violacé.


Il a étudié le Droit, puis il a été aux Beaux Arts de Paris, à l'Académie Julian où il rencontre Vuillard, Maurice Denis et Serusier.


Ses periodes sont les Arts Appliqués, Le Manifeste, Les couvertures de la Revue Blanche. Il a réalisé des illustrations de femmes, chats et enfants pour les livres à la manière japonaise. En 1894, il a réalisé « La Passante »  pour une collection privée. En 1900, il a créé « Les Grands Boulevards » pour la collection Saintsbury à Londres.


Ses thèmes centraux après 1900 sont La chambre, Les natures mortes, Les nus et salles de bains.


Ses œuvres de maturité sont « La Table » de 1925 à la Tate Gallery de Londres, « Le Nu à la Baignoire » de 1935 au Petit Palais à Paris, « L’Autoportrait » de 1944 collection particulière à Paris.




La vie de Bonnard (1867-1947) ne présente pas de faits saillants. Elle s'écoule comme naturellement, sans tapage, en allant jusqu'à son terme. Ses lunettes de myope lui donnaient une allure d'intellectuel plutôt timide, et fut décrit par tous ceux qui l'ont fréquenté comme une jeune homme, puis un homme discret mais affable, assez nonchalant mais d'une très grande vivacité d'esprit.


Rebelle à toute théorie, il est pourtant du groupe des Nabis et l'ami de Vuillard, de Valloton, de Maurice Denis, de Ker-Xavier Roussel, de Georges Lacombe et, comme eux, il s'enthousiasme pour la peinture de Van Gogh, de Gauguin, ou pour l'art japonais. Bonnard sera d'ailleurs surnommé le "Nabi japonard", en partie pour "Le Peignoir" de 1892, détrempe sur tissu où il utilise le même motif répété d'une feuille marron sur le grand peignoir jaune d'une jeune femme au chi gnon noir, vue de dos et semblant aussi légère et végétale que le jardin dans lequel elle se fond. L'opposition entre toutes les audaces colorées qu'il va mettre sur ses toiles ou ses lithographies et la tranquille nature de l'homme est un des charmes de cet artiste qui, avec la même nonchalance apparente, produira l'une des œuvres les plus charnelles de notre siècle. Il suffit de regarder "La femme assoupie sur un lit", encore nommée "L'Indolente" (1899) pour être capté par l'appel du désir, de la séduction. Une ardente séduction ! Cette jeune femme est naturelle et semble attendre un partenaire qui n'est autre que celui qui la peint et partage sa vie. Le peintre et son modèle, ce sont Bonnard et Marthe, sa compagne. Comme le disait si joliment Jean Bouret à propos des multiples poses, des multiples nus que Marthe va inspirer à Bonnard: 


"Marthe... aura sans doute été la femme la plus peinte du monde. Il a avec elle ses habitudes. Elle ne pose pas, elle vit, et c'est de cette vie partagée qu'il extrait les attitudes qui nous étonnent et nous charment."


Et il est vrai que les nus de Bonnard nous touchent peut-être d'abord par leur total naturel, leur intimité, saisis par un regard familier et qui ne se soucie plus alors d'être surprise.


Bonnard ne s'intéresse pas au corps de la fem me comme le fait par exemple Degas, avec parfois une grande cruauté. C'est tout le contraire qu'il pose sur la toile : la tendresse, l'innocence souvent, et cette délicatesse amoureuse que la femme rencontre avec sa féminité quand elle se livre, libre, aux délices de la toilette. Il est clair que seule une grande complicité avec son modèle peut donner au peintre la grâce d'être accepté au cœur de cette intimité.


Si Bonnard n'est pas qu'un grand peintre de nus, la nudité est peut-être comme la clef qui lui permet d'ouvrir un même rapport intime avec les apparences du monde. Il peint un rapport amoureux où les grandes audaces chromatiques s'installent dans une composition qui les apprivoise et les rend, tout à coup, tout simplement vraies. Le grand art de Bonnard est peut-être là. Dans ce mariage entre l'exubérance des couleurs et l'impression naturelle qu'elles exercent sur sa toile. Car si certaines de ses œuvres sont aussi riches en contrastes que les fureurs des Fauves, Bonnard ne joue sur les oppositions violentes que dans le cadre d'une composition qui tend à les rendre harmonieuses et familières, comme la "Jeune femme à la lampe" ou "Femme lisant".


Pour Bonnard, la couleur est toujours une jubilation, même lorsque sa palette, au fil des années, explore des registres très différents qui peuvent n'être qu'un dialogue entre les tons d'une ou deux couleurs dominantes. Les nus, les natures mortes, les paysages, les intérieurs sont enveloppés du même regard de l'artiste qui tend à une tranquille exaltation du mystère de toute chose dans son apparition. Le peintre témoigne de son émotion devant les dons de la vie. Ce peut être le jardin et le lointain d'un paysage aperçu de l'intérieur d'une pièce par l'ouverture d'une porte comme dans "La porte ouverte de Vernon" (1921). Dans cette composition fortement structurée, avec d'un côté la porte et de l'autre un paysage coupant le tableau en deux pans verticaux d'égale importance, l'op position ne produit pas un déséquilibre au profit de l'une des parties. Chacune, au contraire, répond à l'autre dans un dialogue entre les formes, géométriques des quatre carreaux de la porte ouverte et les touffes de la végétation extérieure. L'ensemble de la toile trouve son harmonie avec les teintes violacées du ciel et du bois de la porte. On pourrait ainsi multiplier les exemples où la composition de Bonnard s'évertue à rendre les plans les moins habituels, où les rencontres les plus cocasses, comme dans cette "Nature morte à la levrette (1923) où le chien regarde une desserte chargée de fruits, avec une merveilleuse ordonnance.


Bonnard a l'art de nous rendre le monde familier en nous déclinant ses plus grandes audaces colorées ou charnelles, comme si cela al lait de soi. En vérité, cela va de soi pour lui sans besoin d'autres discours. Il suffit de regarder.


Toute exposition de Bonnard est un enchantement. Pour le cinquantenaire de sa mort qui verra des expositions à Londres, à New York ou Montréal, la fondation Bemberg nous offre d'admirer, en plus des peintures de son propre fonds, celles de grands collectionneurs français et étrangers, auxquelles s'ajoute la présentation d'une centaine de dessins, gouaches et aquarelles.


Peintre de la jubilation, de la sensation, Bonnard fut un peintre de la séduction : "Par la séduction ou idée première, le peintre atteint l'universel. C'est la séduction qui dé termine le choix du motif et qui correspond exactement à la peinture." On ne peut mieux le dire, sinon en regardant ses œuvres.


A. Calonne

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